Elodie Lemerle - France
Au départ, il y a la photographie de presse : fragment d'une réalité construite par essence.…L'image peinte perd toute valeur référentielle. Ces fragments d' images prélevées tuent le réel et ne le représentent plus.Le fragment, soustrait à l'image, relève d'un choix « méticuleux » J'utilise mon scalpel pour inciser la feuille, je saisis le papier et ensuite cherche le chemin qui dessine, entre les figures peintes, le territoire de l'image que je veux arracher. Le tracé laisse apparaître les résistances du papier, les tensions physiques, les hésitations. L'espace, créé au sein de l'image, participe de l'image et doit révéler une respiration, une fracture, un vide( absence) ou une image en devenir. Il devient un point d'articulation entre les fragments d'un monde, pas de mon histoire mais de l'Histoire. Ce qui se raconte ne m'appartient pas ! Mon discours ne peut s'introduire qu'en dehors de ces images, au point d'articulation dans les espaces non-peints où l'on retrouve le support ou dans les espaces évidés, arrachés, soustraits. Le bruit vient du dehors. Le monde ne s'absente pas pour autant, l'image le reconstitue en dehors d'elle même, dans le regard et la conscience du spectateur. La force, le sens ne vient pas de l'image, donc, mais de l'espace qu'elle libère. L'image précipite dans ses marges tous les bruits, toute la fureur du dehors et c'est dans ces territoires non-peints que se développe l'espace d'expression.